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La gauche radicale grecque; OKDE Spartakos, Kokkino, Syriza

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La gauche radicale grecque; OKDE Spartakos, Kokkino, Syriza Empty La gauche radicale grecque; OKDE Spartakos, Kokkino, Syriza

Message par spartakos41 Dim 10 Fév - 0:06

Polarisation croissante

Andreas Kloke

Andreas Kloke est membre de la direction de l’OKDE-Spartakos, la section grecque de la IVe Internationale.

C’est dans un contexte marqué par les catastrophiques incendies de forêts de la fin août que les élections législatives du 16 septembre se sont déroulées. Ces incendies ont détruit une grande partie du Péloponnèse occidental, d’Euboea et d’autres régions. Elles ont fait 67 victimes humaines, ont brûlé 70 000 animaux domestiques et détruit plusieurs villages. C’est le refus des gouvernements précédents — le social-démocrate du PASOK (1981-1989 et 1993-2001) et le bourgeois conservateur de la Nouvelle démocratie (ND; 1989-1993 et 2004-2007) — de prendre les mesures adéquates en vue de la protection des forêts et plus généralement de l’environnement qui est clairement apparu comme la cause de ce désastre. Le résultat électoral a été influencé par ces événements : les Verts Alternatifs (gauche modérée) ont ainsi gagné 1 % et surtout les abstentions et les votes nuls sont passés de 25,8 % à 28,7 % des inscrits.

Le premier ministre Kostas Karamanlis (ND) a fait le choix de ces élections anticipées car sa victoire paraissait certaine et il avait besoin de renouveler sa légitimité avant d’entreprendre une accélération de son programme de contre-réformes. Bien que la Nouvelle démocratie ait reculé, n’obtenant que 41,8 % des votes (contre 45,4 % en 2004), elle pourra continuer à gouverner avec 152 députés sur 300, du fait du caractère peu démocratique du mode de scrutin. Bien qu’affaibli au Parlement, Karamanlis peut se prévaloir d’un succès.

La surprise ce fut le recul du principal parti de l’opposition, le PASOK, qui passe de 40,6 % à 38,1 % des votes. Les votes en faveur des deux partis dominants, qui ont été capables d’assurer une certaine stabilité au pouvoir du capital après 1974, reculent ainsi de 85,9 % à 79,9 %.

C’est le Parti communiste de Grèce (KKE), traditionaliste stalinien, qui passe de 5,9 % à 8,2 % et la Coalition de la gauche radicale Syriza, regroupant Synaspismos d’origine eurocommuniste et plusieurs petits groupes radicaux et qui passe de 3,2 % à 5,0 %, qui apparaissent comme les gagnants de ces élections. Si l’on ajoute à leurs scores ceux des divers groupes de la gauche extraparlementaire — le PC-ml (0,24 %), le ml-Pc (0,11 %), les coalitions Mera (0,17 %) et Enantia (0,15 %) — le total des voix à la gauche du PASOK atteint 13,9 %.

L’autre gagnant de ces élections se situe à l’opposé. L’extrême droite raciste de l’Alarme populaire-orthodoxe (LAOS) entre pour la première fois au Parlement, grimpant de 2,2 % à 3,8 %, ce qui lui permet de franchir la barre des 3 % exigés pour participer à la répartition des sièges. Cette organisation ne manquera pas de faire pression sur la Nouvelle démocratie pour radicaliser à droite le programme gouvernemental des contre-réformes. Elle représentera aussi la « colère » populaire chauvine, orientée vers le conflit irrationnel à propos du nom du pays voisin, la République de Macédoine, nom que l’État grec refuse, en imposant aux instances internationales de l’appeler « FYROM » (de « Former Yugoslavian Republic of Macedonia » ou « Ancienne république yougoslave de Macédoine ») car il considère que le nom de Macédoine n’appartient qu’à sa propre province nordique. LAOS regroupe plusieurs groupes et individus fascistes ainsi que des gangsters néo-nazis, dont certains sont devenus députés. Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est que cette extrême-droite a obtenue ses meilleurs résultats dans les banlieues ouvrières d’Athènes, du Pirée et de Salonique.

Ces élections indiquent donc une polarisation à gauche et à l’extrême droite, au détriment des grands partis du centre-droit et de centre-gauche. Cette tendance pourra s’accentuer dans l’avenir, car la crise politique et économique s’approfondit et les contradictions de classe deviennent plus apparentes. Mais malgré la réélection de la Nouvelle démocratie et la percée de LAOS, les résultats globaux indiquent un déplacement limité mais visible vers la gauche.



Défaite du PASOK


Le PASOK s’est avéré incapable de tirer profit des divers scandales dont le gouvernement sortant portait la responsabilité : vol des fonds de pensions, privatisation des universités, affaires de corruption, brutalité de la police, explosion de l’endettement des ménages et de la hausse des prix… Cette incapacité a été attribuée au caractère mou de son leader, Giorgios Papandreou, le fils d’Andreas Papandreou, fondateur du parti et longtemps premier ministre. Mais la défaite du parti a des raisons plus profondes. Le parti et ses gouvernements, en particulier le gouvernement de Kostas Simitis (1996-2004), ont dérivé de plus en plus à droite, poursuivant les politiques néolibérales qui l’ont conduit à la grave défaite de 2004. Mais le PASOK a par la suite suivi une ligne d’opposition fort hésitante, restant à l’écart des protestations, des mobilisations et des grèves contre le gouvernement, se contentant de critiquer des questions d’importance secondaire.

La base de ce parti, fort activiste dans le passé, fut virtuellement dissoute par la direction. G. Papandreou lui-même a récemment déclaré que le PASOK « s’est transformé en un appareil d’exercice du pouvoir et n’a pas tenu compte des besoins de larges couches populaires ». Les directions syndicales, encore largement contrôlées par les bureaucrates du PASOK, ont en général — à de rares exceptions près — tenté d’étouffer les mobilisation contre les mesures pro-patronales. Ce n’est qu’au cours des deux ou trois semaines précédant le vote que Papandreou a tenté de changer la situation en multipliant des promesses verbales adressées aux travailleurs et aux couches populaires, mais cet électorat ne l’a pas pris au sérieux. Le PASOK a ainsi obtenu ce qu’il a mérité pour avoir été aligné de manière quasi inconditionnelle sur les intérêts de la bourgeoisie durant une si longue période.

A la suite de la défaite une forte lutte pour le pouvoir a secoué le PASOK. Le challenger de Papandreou, Vangelis Venizelos est encore plus à droite que l’actuel président du parti. Il n’est pas probable qu’une aile gauche, capable d’exprimer les aspirations des travailleurs et des couches plus larges , ne serait-ce que d’une manière réformiste classique, puisse apparaître au sein du PASOK. Ce qui permet d’espérer que dans l’avenir une partie de sa base militante abandonnera ce parti.



Les succès du KKE et de Syriza


Le KKE a pour la première fois été capable d’exploiter la crise du PASOK. Il reste la principale force de la gauche en Grèce et emploie une rhétorique très anticapitaliste et anti-impérialiste. Mais il s’avère incapable de dépasser les conceptions réformistes classiques d’une « économie populaire » orientées vers l’alliance avec des secteurs de la bourgeoisie et le « front populaire ». Néanmoins, le KKE apparaît comme la force « la plus à gauche » au sein du parlement et attire les votes de protestation les plus à gauche. Organisant toujours ses propres marches de protestation, le KKE refuse de coopérer avec tous les autres partis et organisations, cultivant un sectarisme décidé. La politique de sa direction constitue ainsi l’un des principaux obstacles au succès des mobilisations, des grèves et des mouvements sociaux.

La direction du KKE est profondément nationaliste et elle soutient « sa propre » bourgeoisie dans tous les conflits extérieurs importants, que ce soit à Chypre ou en Mer Égée. Dans ce domaine elle ne recule même pas parfois devant l’alliance avec des forces d’extrême droite. Une des députées du KKE, la journaliste indépendante Liana Kanelli, soutient de manière fanatique le « patriotisme » fondé sur la religion orthodoxe. Le parti appelle la Grèce à quitter l’Union européenne sans offrir une perspective internationaliste alternative. Sa conception du « socialisme » poursuit le vieux modèle stalinien discrédité. Le renforcement du KKE aidera-t-il le mouvement ouvrier et la résistance sociale ? C’est une question qui reste ouverte…

Le renforcement de l’autre force réformiste, Syriza, sous la direction de Synaspismos et de son président Alekos Alavanos, est également significatif. Après 2000 Synaspismos a effectué un tournant à gauche, participant aux divers mouvements sociaux et jouant un rôle actif au sein du Forum social européen, dont le rassemblement à Athènes l’an dernier fut un succès. Synaspismos a réussi à reconstruire une organisation de jeunesse, essentiellement dans les universités, et présente actuellement un profil ouvert, pluraliste de gauche, écologiste etc. dans les diverses luttes. Au cours de la campagne électorale, Syriza a déclaré refuser une collaboration gouvernementale avec le PASOK néolibéral à l’issue des élections. Mais l’orientation stratégique de Synaspismos est indissolublement attachée à l’alliance avec le PASOK au niveau des communes, des régions, dans les syndicats et aussi au niveau de la politique nationale. A l’image de tous les autres partis de la « Gauche européenne », la direction de Synaspismos est fermement convaincue que le système capitaliste peut être réformé grâce à une politique parlementaire — et en fin de compte gouvernementale — adéquate de la gauche et que le modèle néolibéral peut être remplacé par une politique d’amélioration sociale de l’État providence.

La participation pratique de Synaspismos dans les luttes et les mobilisation reste marquée par une extrême prudence et la plupart de ses dirigeants syndicaux ne prennent pas des initiatives qui pourraient sérieusement défier la passivité et le défaitisme des bureaucraties syndicales contrôlées par le PASOK. Une forte aile droite de ce parti rejette par principe le militantisme de gauche et toute alliance avec les petites organisations de la gauche radicale et soutient une ligne « réaliste », c’est-à-dire des alliances avec le PASOK à tous les niveaux. Mais la direction de Synaspismos veut essayer de tirer profit de la crise du PASOK pour développer un nouveau projet réformiste de gauche et occuper ainsi l’espace politique que cette crise libère à gauche.



La gauche anticapitaliste


Depuis des décennies la gauche extraparlementaire grecque est divisée en des dizaines de petites organisations d’origines maoïste, stalinienne, trotskiste, etc. En raison de cette situation confuse et d’un besoin de reconnaissance des nombreuses « directions » autoproclamées, cette gauche continue à avoir du mal à construire un pôle alternatif, socialement enraciné, même si ses militants jouent un rôle important dans tous les conflits sociaux et politiques. Mais dans les élections municipales de 2006, pour la première fois depuis des années, les alliances de la gauche radicale ont obtenu des résultats non négligeables : entre 1 % et 2 % dans plusieurs banlieues d’Athènes et du Pirée. Avant les élections de septembre quelques organisations de cette mouvance ont essayé de discuter sérieusement leurs différences et de tenter un front uni de la gauche anticapitaliste.

Le SEK (Parti socialiste ouvrier, affilié à la Tendance socialiste internationale fondée par Tony Cliff, dont le SWP britannique est l’organisation la plus importante), connu jusqu’à peu pour son sectarisme virulent, a pris l’importante initiative d’approcher, entre autres, le NAR (Nouveau courant de gauche, continuateur de l’organisation de jeunesse du KKE, qui a été exclue de manière bureaucratique en 1989), une organisation relativement importante qui dirige le Front de la gauche radicale (Mera). En juin 2007, le SEK, l’ARAN, l’ARAS et l’OKDE-Spartakos ont lancé la Gauche anticapitaliste unifiée (Enantia), voulant ainsi exprimer les aspirations des mobilisations de ces dernières années (luttes des employés des banques, des enseignants, des étudiants etc.) et, plus généralement, celles des mobilisations pour les droits des immigrés et de la nécessaire lutte contre les effets du bilan catastrophique des politiques environnementales.

Du fait du sectarisme particulier du NAR et de Mera et malgré le fait qu’un électeur de gauche moyen a des difficultés pour différencier Mera et Enantia, il ne s’est pas avéré possible de mettre sur pied une liste commune des deux coalitions anticapitalistes. Les résultats électoraux des deux n’ont pas décollé.

Il est évident que la domination de la gauche réformiste ne pouvait être remise en cause dans la période actuelle. Mais une politique plus habile et plus flexible, orientée vers l’unité dans l’action, pourrait contribuer de manière décisive à convaincre les animateurs des luttes ouvrières et des mouvements sociaux de la nécessité d’un pôle d’attraction anticapitaliste. Un tel projet politique pourrait être couronné de succès dans l’avenir, si les larges couches de travailleurs, de la jeunesse, des femmes et des immigrés se mettaient en lutte dans l’esprit du front unique contre les projets du gouvernement et du capital.



Perspectives


Il n’y a pas de doutes au sujet des intentions du vieux-nouveau gouvernement. La contre-réforme réactionnaire du système des retraites (signifiant une modification des cotisations et l’augmentation du nombre d’années de travail, entre autres), la vente ou la liquidation d’Olympic Airways, la réduction de l’emploi à plein temps dans le secteur public, plus de privatisations (en particulier du réseau des téléphones OTE et de la compagnie d’électricité DEI) figurent sur l’agenda du gouvernement. C’est précisément ce que le président de l’association patronale SEV a rappelé dans sa lettre de félicitations adressée à Karamanlis après sa réélection. Les mois prochains montreront comment les partis et les organisations de la gauche ainsi que les syndicats et le mouvement ouvrier vont affronter la vague d’attaques contre les acquis sociaux préparée et annoncée par le gouvernement et le grand capital.
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Message par spartakos41 Dim 10 Fév - 0:08

La droite s’essouffle, la social-démocratie se déchire et la gauche antilibérale revient en force

Georges Mitralias

Georges Mitralias est militant de l’organisation politique « Kokkino » (Rouge)


Le résultat des élections grecques (1) du 16 septembre 2007 a confirmé les attentes : il a débloqué une situation politique dominée par la toute-puissance du bipartisme néolibéral et la marginalisation de la gauche, et qui restait pratiquement immuable depuis plus de 25 ans ! Pour la première fois depuis fort longtemps, les deux grands partis qui s’alternent au pouvoir, la Nouvelle Démocratie (ND) de droite et le PASOK social-démocrate subissent — tous les deux — des pertes importantes au profit surtout de deux formations antilibérales de gauche, le PC grec (KKE) et la Coalition de la Gauche Radicale (Syriza).

Il a suffit donc que les deux partis néolibéraux perdent un peu plus de 7 % de leurs voix pour qu’on assiste à un véritable chambardement du paysage politique grec : la droite a été reconduite au pouvoir mais avec une majorité parlementaire plus que fragile de seulement 2 députés, tandis que la social-démocratie, qui a été la grande perdante, a plongé dans une crise dévastatrice qui est aussi la plus profonde de son histoire ! Dès le lendemain des élections du 16 septembre, il était clair que le pays était entré dans une période de grande instabilité politique caractérisée par une nouveauté absolue : la défaite de l’un de deux piliers du bipartisme ne profite plus à l’autre, et c’est donc tout le système bipartite mis en place — et bien verrouillé — pratiquement depuis la chute de la dictature des colonels, qui se trouve profondément ébranlé !

Alors, c’est presque tout naturellement que, depuis le lendemain des élections, l’actualité politique quotidienne du pays soit dominée par deux très éloquents débats parallèles et simultanés : le premier porte sur l’éventualité d’un retour aux urnes au printemps prochain (!) et le second sur la profondeur et les conséquences de la crise d’un PASOK très diminué et menacé directement d’éclatement…



La crise historique du PASOK


La crise actuelle du PASOK n’est pas la première, mais elle est de loin la plus grave. D’abord, ce n’est pas un hasard si elle éclate après sa seconde défaite électorale consécutive, ce qui signifie que ce parti si habitué à tirer sa force de l’occupation du pouvoir (il a gouverné la Grèce de 1981 jusqu’à 2004, avec une courte interruption de 1989 à 1993) s’installe désormais durablement dans l’opposition, sans qu’apparaisse à l’horizon la perspective d’un retour rapide aux affaires ! Mais, il ne s’agit pas seulement de la menace d’un trop long éloignement du pouvoir, car il y a désormais pire : le PASOK est en train de saigner énormément, et cette hémorragie inexorable, qui dure depuis des années, se traduit maintenant par des pertes records vers sa gauche mais aussi vers sa droite, par un début d’effondrement de sa base traditionnelle, sans qu’il y ait le moindre espoir d’inverser cette tendance. Parti déjà interclassiste et fourre-tout, le PASOK social-libéral d’aujourd’hui ne peut plus ni représenter ni satisfaire tout le monde, coincé comme il est entre son éloignement durable du pouvoir et les contraintes du néolibéralisme dont il a été et reste un fidèle serviteur sans états d’âme.

Il n’aura pas fallu plus pour que la crise qui couvait depuis bien longtemps au sommet de la social-démocratie grecque éclate et provoque une véritable « guerre civile » au sein du parti. L’affrontement commencé le soir même du 16 septembre a été très violent et ses deux protagonistes, le président sortant Georges Papandreou Jr. et son concurrent Vangelis Venizelos, ont utilisé les pires moyens afin de prendre la direction du parti. Et tout ça en public, par chaînes de télévision interposées, pendant 55 jours, jusqu’au 11 novembre de la farce électorale qui a vu Papandreou battre finalement Venizelos avec le soutien de centaines de milliers des « amis » du PASOK, qui s’inscrivaient aux listes électorales du parti en même temps qu’ils votaient pour un des candidats !

Évidemment, le seul grand absent de ce psychodrame collectif a été… la politique ! Ni Papandreou, ni Venizelos, ni les autres barons du parti n’ont daigné interrompre les insultes qu’ils échangeaient pour parler politique et surtout, « dire quelque chose de gauche » sur les vraies raisons de sa crise. Leur spectacle étant plus que lamentable, les réactions de dégoût de la base n’ont pas tardé à se manifester et tous les sondages qui ont suivi témoignent de sa désaffection toujours plus grandissante. Malgré sa tentative de faire oublier ses « exploits » néolibéraux les plus récents qui l’avaient aligné sur les positions du gouvernement de droite (lors par exemple du grand mouvement des étudiants et des universitaires de l’année passée contre la privatisation de l’enseignement supérieur), Georges Papandreou n’a convaincu personne et brille maintenant par son silence assourdissant au moment où le gouvernement de droite met le feu aux poudres et lance la plus brutale de ses offensives contre la sécurité sociale…

Peut-on alors dire qu’on est en train d’assister à la crise finale de la social-démocratie grecque ? La réponse n’est pas facile, mais dorénavant une chose est sûre : non seulement le grand PASOK de jadis est désormais un souvenir lointain, mais tout indique que — dans le meilleur des cas — le PASOK de demain sera un parti très diminué, si évidemment il parvient à ne pas subir une ou plusieurs scissions, ce qui pourrait accélérer sa désintégration...

Il va sans dire que le PASOK étant un de deux piliers du système bipartite (néolibéral) grec, sa crise structurelle met aussi en crise tout le système de domination politique mis en place au début des années 1980. Cet événement d’importance capitale ne passe pas inaperçu et se fait sentir d’autant plus que l’autre pilier du système bipartite, le parti de la Nouvelle Démocratie du premier ministre Kostas Karamanlis, ne jouit plus de la meilleure santé. Au contraire, des dissensions internes aidant, sa très maigre nouvelle majorité parlementaire (152 députés sur un total de 300) est déjà trop incertaine et menace même ouvertement de fondre à l’occasion de n’importe quelle votation parlementaire.

En somme, les savants équilibres politiques du système bipartite grec qui ont assuré pendant si longtemps les beaux jours de l’alternance au pouvoir des deux partis néolibéraux, peuvent désormais être considérés comme rompus ou au moins, en train d’être rompus. Le fait que c’est surtout la gauche antilibérale qui en profite, rend la situation grecque une des plus intéressantes en Europe même s’il est vrai que nous ne sommes encore qu’au tout début d’un long parcours…



« Syriza » un phénomène inédit


Toutes les études sociologiques et autres sondages de l’opinion publique publiées par rafales depuis les élections du 16 septembre sont pratiquement unanimes : la crise de deux grands partis profite surtout aux deux partis de la gauche grecque, et en priorité à la Coalition de la Gauche Radicale, plus connue comme Syriza. L’explication est facile : le gros des déçus du PASOK qui se tournent vers Syriza commencent à y « déménager », confirmant ainsi une tendance qui s’est déjà manifestée dans les résultats électoraux.

Mais, ce n’est pas tout. Syriza apparaît désormais comme ayant le vent en poupe, comme étant la formation politique attirant le plus les jeunes (12 % des préférences dans la tranche d’age 18-24 ans), faisant pratiquement jeu égal avec le KKE. dans les centres urbains et populaires, celle qui représente non seulement le renouvellement générationnel mais aussi la radicalité politique et « mouvementiste » contre un paysage politique embourbé et conservateur.

Tout ça ne constitue pas une surprise pour ceux — qui comme nous de l’organisation politique Kokkino (Rouge) — se sont constamment battus pour faire naître et ensuite, maintenir en vie et développer cette Coalition de la Gauche Radicale (Syriza). Car il faut dire que ni la naissance ni le maintien de Syriza n’allaient pas de soi. Alliance d’abord électorale, et maintenant beaucoup plus stable, du parti de la gauche réformiste « Synaspismos » (Coalition) avec des organisations d’extrême gauche (2), Syriza a vu le jour juste avant les précédentes élections parlementaires de 2004. Il s’agissait déjà d’une alliance totalement inédite dans un pays dont la gauche avait toujours fait preuve d’un sectarisme viscéral.

Cependant, Syriza ne tombait pas du ciel. Au contraire, sa fondation constituait l’aboutissement de 7 ans d’osmose et de collaboration militante des secteurs antilibéraux de Synaspismos avec des sensibilités et organisations d’extrême gauche. C’était le temps du réseau grec des Marches Européennes contre le chômage, la précarité et le racisme, qui a regroupé dans ses rangs — pour la première fois dans l’histoire du mouvement ouvrier et socialiste grec — eurocommunistes, staliniens, trotskistes, libertaires et syndicalistes de toute obédience (le KKE — PC grec — inclus durant un laps de temps !), préparant de cette manière le terrain pour des expérience unitaires encore plus avancées comme « l’Espace de dialogue et d’action commune de la gauche » en 1999 ou même le Forum social grec à partir de 2002.

Sans s’attarder aux maintes péripéties qui ont jalonné les débuts de Syriza, il faut s’arrêter à son nouveau départ juste après les élections communales et régionales de novembre 2006. Évidemment, l’abandon progressif des positions traditionnelles ambiguës (pour le moins) de Synaspismos en faveur d’une orientation plus clairement anti-centre-gauche, incarnée par sa nouvelle majorité et direction, avait contribué à revigorer Syriza. Mais c’était la constitution et ensuite le grand succès électoral des listes antilibérales dites « radicales » constituées par l’aile gauche de Synaspismos et des organisations d’extrême gauche, à l’instar de celle de « Ville Ouverte » à Athènes (ayant à sa tête l’ex-secrétaire de l’organisation de jeunesse et étoile montante du parti, Alexis Tsipras), qui ont fait un tabac obtenant 11 % des voix bien devant le KKE et ont donné le signal pour l’approfondissement et l’élargissement de l’expérience de Syriza.

Sur la lancée du succès et de la dynamique de ces « listes radicales », Syriza initiait la deuxième phase de sa vie, élargissant ses rangs à d’autres organisations de la gauche anticapitaliste et radicalisant ultérieurement son discours politique. Et contrairement à ce qui s’était passé lors de sa première expérience électorale, provoquant maint traumatismes, Synaspismos se montrait cette fois bien moins hégémonique envers ses partenaires. Syriza était — enfin — bien lancé pour gagner la confiance de tous ceux qui avaient encore des doutes quant à la sincérité, la crédibilité et la suite de l’entreprise. Le résultat sorti des urnes (5,04 % contre 3,3 % en 2003) non seulement couronnait une campagne électorale combative et unitaire de toutes les composantes, mais servait aussi comme point de départ d’une percée ultérieure : selon presque tous les sondages, Syriza est la formation politique grecque qui progresse le plus atteignant déjà 8 % des préférences, et se rapprochant d’un PC (KKE) qui est aussi en nette progression (environ 8,5 %-9 %)…

Toutes ces très bonnes performances de Syriza avant et après les dernières élections ont, indiscutablement, renforcé son unité et radicalisé encore plus son discours politique. En même temps, elles ont fait taire (mais jusqu’à quand ?) ses opposants à l’intérieur de Synaspismos (son aile droitière et anti-Syriza regroupe environ 30 % des membres du parti) tandis qu’elles provoquent déjà des débats assez agités dans les rangs de cette extrême gauche qui avait préféré présenter ses propres — et multiples — listes aux élections avec des résultats plutôt désastreux.

Le fait est que Syriza est en train de transformer profondément le paysage mais aussi les traditions de la gauche grecque. Composé de 10 partis, organisations et mouvances, Syriza développe désormais une dynamique unitaire qui pousse vers sa transformation en « quelque chose » qui ressemblera fort à une formation politique bien structurée. Bien avant la première conférence nationale de ses comités de base, qui doit se tenir début mars 2008, Syriza a vu (à l’initiative de Kokkino, de KOE et de Synaspismos) les formations étudiantes de ses composantes se fédérer au sein d’une nouvelle organisation étudiante, l’Unité de Gauche, qui joue déjà un rôle important dans le mouvement étudiant. De même, vient d’être lancée l’initiative pour l’unification du travail ouvrier et syndical de ses composantes, tandis que fait son apparition un phénomène totalement inédit : les demandes d’adhésion ne s’adressent plus exclusivement à chaque composante, mais aussi, à Syriza lui-même !...

A suivre

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Message par spartakos41 Dim 10 Fév - 0:09

Suite de Kokkino

Ce n’est pas un secret que le succès de Syriza le charge de grandes responsabilités. En effet, des franges très importantes de la société grecque, prenant acte de la paralysie prolongée et de l’incapacité du PASOK de s’opposer au gouvernement de droite, se tournent maintenant vers Syriza en attendant de lui qu’il assume des responsabilités (de rempart contre la droite) sans commune mesure avec ses moyens. Le problème est réel et difficile, mais Syriza devra l’affronter et le résoudre au plus vite sous peine de décevoir les espoirs investis en lui.

C’est donc dans cet esprit que Syriza met en avant — comme priorité absolue de la période — la lutte unitaire contre l’offensive gouvernementale et surtout, contre son projet de démantèlement de la sécurité sociale. De la bouche de son président Alekos Alavanos, la Coalition de la Gauche Radicale n’arrête pas de lancer vers le PASOK et le KKE des propositions d’unité d’action sur trois fronts : a) celui de la défense de la sécurité sociale, b) contre les privatisations des services publiques, et c) pour l’interdiction des collèges et autres instituts privés qui minent de fait le caractère public de l’enseignement supérieur.

Malheureusement, tous ces appels pressants à l’unité d’action contre les politiques néolibérales du gouvernement Karamanlis restent pour l’instant sans réponse. Le KKE persiste à considérer Syriza (et surtout Synaspismos) comme… « l’ennemi principal », tandis que le PASOK préfère parler de tout autre chose, c’est-à-dire du besoin d’une coalition de… centre-gauche. La réponse de Syriza, maintes fois répétée, est nette et claire : oui à l’unité d’action contre les politiques du gouvernement de droite, non catégorique à toute collaboration politique et gouvernementale avec la social-démocratie…

Quant aux organisations et groupes d’extrême gauche qui ont choisi de poursuivre leur parcours solitaire, Syriza leur tend toujours la main d’autant plus que ses militants luttent depuis des années côte à côte avec les militants de certaines de ces organisations (dont l’OKDE-Spartakos, section grecque de la IVe Internationale) dans les mouvements sociaux et au sein du Forum social grec. Bien que pour l’instant on n’observe aucune avancée spectaculaire dans l’évolution de ces organisations envers Syriza, le fait est que les débats font maintenant rage dans certaines d’elles. Donc, affaire à suivre très attentivement…

La conclusion, nécessairement provisoire, n’est pas trop difficile : Syriza constitue non seulement un « phénomène » politique absolument nouveau et unique en Europe, car fondée sur la collaboration politique d’un parti réformiste antilibéral avec plusieurs organisations d’extrême gauche de tout horizon, mais aussi un exemple concret de réussite à tous les niveaux. En même temps, c’est l’évidence même que tout reste encore à faire, que les problèmes et les tensions ne manqueront et que ses succès resteront fragiles tant que Syriza n’aura pas réussi sa transformation en une formation démocratique bien structurée, dotée d’un programme anticapitaliste clair, respectueuse de l’autonomie des mouvements sociaux et bien ancrée dans le courant anticapitaliste européen. Pour l’instant, une chose est pourtant sûre : Syriza semble être en train de gagner son pari initial et dorénavant se trouve bien positionné pour affronter, dans les meilleures conditions — et peut-être résoudre — la crise historique du PASOK, ce qui constitue un préalable tant à la reconstitution du mouvement ouvrier qu’à la recomposition (unitaire et radicale) de la gauche grecque…
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Message par spartakos41 Dim 10 Fév - 0:10

« Nous avons choisi comme arme l’unité et comme adversaire le néolibéralisme »

Entretien avec Alekos Alavanos, président de Synaspismos et du groupe parlementaire de Syriza (Coalition de la Gauche Radicale)

Alekos Alavanos est président du groupe parlementaire de Syriza (Coalition de la Gauche Radicale) et président de la plus forte organisation qui compose cette coalition, Synaspismos. Yorgos Sapounas, militant de Kokkino, a réalisé cet interview pour Inprecor. Les notes sont de la rédaction d’Inprecor.


Yorgos Sapounas : La Coalition de la gauche radicale (Syriza) a obtenu un important résultat aux récentes élections. Selon toi, a quels traits de son profil ce résultat est-il dû ? Et quelle en a été la contribution de ses composantes ?


Alekos Alavanos : Nous nous sommes battus des années durant ayant en tête les vrais problèmes des gens. Nous avons voulu briser la vitrine de la réalité virtuelle et nous nous sommes mis aux côtés de l’étudiant et de l’étudiante qui allaient manifester chaque jeudi. Aux côtés de « jeunes à 400 euros » pleins d’insécurité qui sont en train d’initier leur vie active. Aux côtés des chômeurs et des licenciés de leur boulot, des maîtres d’école et des professeurs qui se sont battus pour des salaires décents. Aux côtés des travailleurs, des paysans et des retraités qui se sentent oubliés, aux côtés des immigrés qui se sentent exploités, culpabilisés, pourchassés.

Si tu as tous ces gens en tête il te faut te battre contre les politiques dominantes et surtout, contre le gouvernement, essayer de désenclaver ce monde qui, pour des raisons désormais historiques, avait cru à cette social-démocratie qui est incapable d’offrir une nouvelle perspective, se contentant de singer le néolibéralisme.

Si on a tous ceux-là en tête, alors on est obligé de rendre visible l’alternative de gauche, mettant en avant des valeurs, avec courage et confiance en soi, en prenant des risques. Nous avons fait un premier pas, les citoyens nous ont fait confiance et maintenant nous devons leur prouver qu’ils ont fait le bon choix.

Dans cette entreprise, la contribution de toutes les composantes de Syriza — qui ont compris que le besoin d’une gauche unitaire et radicale utile aux luttes quotidiennes du peuple, est bien plus important que la pureté idéologique ou la vérité absolue — est inestimable.


Yorgos Sapounas : Étant donné la dynamique politique des dernières élections, quel devrait être désormais l’objectif de Syriza ? Certains parlent d’une formation politique de masse, de quelque chose comme un FLN du XXIe siècle…


Alekos Alavanos : Heureusement ou malheureusement, nous sommes au XXIe siècle et, tout en respectant et connaissant notre passé, il nous faut chercher des outils pour faire ouvrir nos portes à tout ce monde qui résiste au dominant, qui ne se satisfait pas de l’existant, qui veut changer le lendemain. C’est ce monde que nous voulons avec nous, pour débattre avec lui et pour nous influencer mutuellement, afin de bâtir ensemble la gauche de la contestation et de l’espoir. Pour que tout ça soit fait, il nous faut aussi peiner, revoir nos schémas organisationnels, notre démocratie, notre discours. Ce monde ne viendra pas vers nous pour qu’on lui enseigne la vérité mais pour qu’on change ensemble la réalité, avec esprit visionnaire, dans la bonne humeur et la créativité.


Yorgos Sapounas : Quelles sont à ton avis les conditions pour que Syriza gagne les paris politiques de l’avenir ?


Alekos Alavanos : Le peuple est désenchanté de la politique, des politiciens et de leurs engagements d’œuvrer pour son bien, pendant que les conditions de sa vie se détériorent. Nous avons nous aussi commis des erreurs en tant que gauche. Alors, on n’a plus besoin de grandes paroles. On a besoin d’établir, sur la base des problèmes d’aujourd’hui, les priorités qui vont composer un nouveau projet politique radical que nous allons servir de façon crédible. Un projet politique compréhensible par tous, qui présuppose la participation des gens à sa réalisation. Un projet qui mettra dans son épicentre l’homme et la protection de la nature, qui proposera des luttes de masse sur la base des contre-propositions et des revendications combatives. Un projet qui fera concurrence à l’individualisme et à la privatisation de la vie, c’est-à-dire au noyau du néolibéralisme, qui obtiendra des victoires et changera les rapports de force par la lutte collective.


Yorgos Sapounas : Syriza regroupe dans ses rangs plusieurs forces et collectivités de gauche. La direction du KKE refuse obstinément d’y collaborer et se dit hostile à Syriza. Des forces d’extrême gauche adoptent aussi des attitudes négatives, bien que nous collaborons avec certaines d’entre elles dans le cadre du mouvement altermondialiste (par exemple avec celles appartenant à la coalition Enantia). Quelle doit être l’attitude de Syriza envers ces forces ?


Alekos Alavanos : Nous, nous avons choisi comme arme l’unité et comme adversaire le néolibéralisme. Je crois que si nous continuons comme nous avons travaillé jusqu’à maintenant, notre unité va se renforcer. A l’occasion des dernières élections nous avons réussi à nous élargir aux organisations de gauche mais aussi aux courants socialiste et écologique. Nous allons continuer sur le même chemin avec comme objectif la collaboration de toutes les forces qui combattent le néolibéralisme et ses desseins. Si certains insistent à voir l’ennemi à l’intérieur de la gauche (1), je considère qu’ils commettent une erreur et que tôt ou tard ils s’en apercevront.


Yorgos Sapounas : Avant mais aussi après les élections, une partie de la presse ainsi que la direction de PASOK ont exercé des pressions sur Syriza qui était accusé d’être trop négatif envers l’éventualité d’une alliance électorale avec le PASOK. Le manifeste de Syriza exclut catégoriquement la gouvernabilité avec le centre-gauche. Pour quelles raisons ?


Alekos Alavanos : Je crois qu’il n’y a aujourd’hui personne dans la gauche qui pourrait envisager une collaboration gouvernementale avec le PASOK. Comme je le disais aussi avant les élections, si on allait collaborer avec le PASOK je ne pourrais plus regarder dans les yeux mes compatriotes et j’aurais peur d’aller même au supermarché de mon quartier. Pour la gauche, toute participation à un gouvernement avec le PASOK est totalement impensable, car un tel gouvernement referait des lois contre la sécurité sociale, de l’article 16, du travail non assuré des jeunes et des lois qui tuent les forêts. Cependant, aujourd’hui nous avons un gouvernement de droite et c’est contre ce gouvernement que nous devons organiser notre action. Le nouveau paysage surgi des élections offre à la gauche la possibilité de devenir la force d’opposition hégémonique. Il ne nous reste qu’à le prouver en pratique.


Yorgos Sapounas : Après les élections, le PASOK est entré dans une profonde crise. Quelle doit être l’attitude de Syriza envers PASOK ? Plus généralement, tout le monde constate la profonde crise de la social-démocratie européenne. Cette crise peut-elle être dépassée ou est-elle structurelle ? Et qu’est ce qu’elle signifie pour la gauche ?


Alekos Alavanos : Je crois que le PASOK ainsi que toute la social-démocratie européenne sont entrés dans une profonde crise parce que les engagements sur lesquels ils ont été construits sont aujourd’hui lettre morte. Leur incapacité d’élaborer un quelconque projet hégémonique de justice sociale est manifeste dans plusieurs pays où la social-démocratie se contente d’opter pour le modèle d’une prétendue meilleure gestion du néolibéralisme. Cependant, à la base du PASOK il y a tout un monde qui a cru à des idéaux et qui a lutté pour une meilleure société. La gauche doit en tenir compte. Elle ne peut pas considérer les supporters de la social-démocratie comme étant pareils à ceux de la droite, mais comme ses alliés en puissance, pouvant se retrouver ensemble dans la rue pour se battre contre l’offensive conservatrice. Surtout maintenant, quand le gouvernement est en train de dévoiler de manière agressive ses intentions dans une série des questions, dont la plus importante est peut-être celle de la sécurité sociale, et qu’un parti d’extrême-droite vient d’entrer au parlement, les batailles que nous devons livrer doivent s’adresser à l’ensemble des démocrates, à tous ceux qui croient à une société démocratique, solidaire et juste.


Yorgos Sapounas : Quel est, selon toi, le bilan des collaborations gouvernementales de la Gauche avec la social-démocratie (par exemple aujourd’hui celui de Rifondazione italienne ou celui le PC français dans les années 1990) ?


Alekos Alavanos : En Europe, durant la précédente décennie, la gauche et la social-démocratie ont collaboré et parfois ont conclu des alliances qui ont eu souvent des conséquences négatives. Je crois que chacun a tiré sa leçon de ces expériences, mais il ne serait pas bon de tout confondre. Par exemple, le PS français n’est pas la même chose que le PASOK et la gauche française n’est pas identique à la gauche grecque. En plus, le cas italien est très à part parce qu’il est marqué par le phénomène spécifique du berlusconisme et par une différente tradition de collaborations. Puisque nous n’avons pas dû affronter les mêmes situations, nous ne devons pas faire preuve d’arrogance ni juger des entreprises avant qu’elles ne soient terminées et que soient visibles leurs résultats finaux. On pourrait dire beaucoup de choses des traits particuliers de chaque collaboration et peut-être de ce que la gauche aurait pu gérer différemment, mais on n’a pas seulement ces paradigmes en Europe. Par exemple, ce qui se passe en Allemagne est beaucoup plus important dans la conjoncture actuelle et nous devons suivre cette expérience en cours très attentivement.


Yorgos Sapounas : Qu’est-ce que tu crois que Syriza doit faire pour empêcher d’aboutir la nouvelle tentative de l’UE d’imposer aux peuples d’Europe une nouvelle version du traité constitutionnel ? Vois-tu des possibilités pour que le « peuple du Non » se coordonne et quel serait le rôle que Syriza pourrait y jouer ?


Alekos Alavanos : Nous considérons que face à ce problème, comme face à tant d’autres, il est absolument nécessaire pour les forces de gauche et les mouvements sociaux de collaborer entre eux au niveau européen. Comme tu sais, nous avons été présents à tous les processus soit du mouvement altermondialiste, à partir de la manifestation de Prague, soit du Forum Social Européen, et plus spécialement à l’initiative pour l’élaboration de la « Charte », soit dans le cadre du Parti de Gauche Européenne (2) en tant que Synaspismos. Je crois que la première priorité est que la société grecque s’ouvre à ces processus, et je dois avouer que nous n’avons pas pu faire dans ce domaine tout ce que nous avons voulu. Et tout ça bien que l’organisation très réussie du quatrième Forum Social Européen, à laquelle nous avons contribué avec toutes nos forces, ainsi que l’organisation du 1er congrès du Parti de la Gauche Européenne, y ont aidé considérablement. Nous en avons encore beaucoup à faire.


Yorgos Sapounas : Cette interview sera publiée par la revue de la IVe Internationale, qui participe à la Gauche anticapitaliste européenne et dont certaines sections sont membres ou observateurs du Parti de la Gauche Européenne. Comment vois-tu les rapports entre les courants et les formations de la gauche européenne ?


Alekos Alavanos : Je crois que la collaboration de toutes les forces de gauche, en correspondance avec ce qu’on est en train de faire en Grèce avec Syriza, peut aider tout le monde en Europe aussi. Par exemple, notre collaboration avec le Bloc de gauche du Portugal ou avec le Parti de la Liberté et de la Solidarité turque nous a tous beaucoup aidé. Je comprends très bien les besoins de chaque courant de gauche en Europe mais je considère que la collaboration de tous, non seulement dans le cadre du mouvement mais aussi au niveau politique, est un processus très utile à nous tous et surtout, aux combats que nous devons livrer ensemble.

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Message par spartakos41 Dim 10 Fév - 0:12

Je trouve que ces trois articles publiés dans Inprecor ce mois ci sont assez significatifs des problèmes de divisions au sein de l'EG grecque.

Qu'en pensez vous?
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Message par avec-amour-et-paix Dim 10 Fév - 2:03

spartakos41 a écrit:Je trouve que ces trois articles publiés dans Inprecor ce mois ci sont assez significatifs des problèmes de divisions au sein de l'EG grecque.

Qu'en pensez vous?

laisse moi le temps de le lire mon ami

et je de dit ,ce que je pence

merci

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